Un microbiome est l’ensemble des micro-organismes (bactéries, virus, parasites et champignons non pathogènes, dits commensaux) qui vivent dans un environnement spécifique, principalement à la surface des muqueuses et de la peau, on parle aussi de flore microbienne. Le rôle du microbiome sur notre santé est de mieux en mieux connu, en particulier dans les fonctions digestives, métaboliques, immunitaires et neurologiques. En conséquence, la dysbiose, c’est-à-dire l’altération qualitative et/ou fonctionnelle du microbiome, est une piste sérieuse pour expliquer certaines maladies, notamment parmi celles sous-tendues par des mécanismes auto-immuns ou inflammatoires [12].
Le microbiome cutané est un acteur essentiel de la barrière cutanée, il assure une défense efficace contre les pathogènes et maintient l’intégrité épidermique. Un déséquilibre du microbiome cutané est retrouvé dans la DA avec une réduction de la diversité bactérienne et une colonisation par Staphylococcus aureus [13]. Cette dysbiose est favorisée par des altérations biologiques de la surface cutanée des patients DA : peau moins acide, adhésion bactérienne facilitée, production réduite de peptides antimicrobiens. La dysbiose à Staphylococcus aureus participe à la physiopathologie de la DA par la production de facteurs de virulence staphylococciques qui induisent une réponse inflammatoire cutanée par au moins deux mécanismes: majoration du déficit de barrière cutanée et activation des kératinocytes et d’autres cellules cutanées stimulant la production des cytokines. Il n’existe cependant pas d’argument, aujourd’hui, pour recommander en pratique le dépistage et le traitement de la dysbiose à Staphylococcus aureus en dehors des situations de surinfection cutanée. La modulation du microbiome cutané dans la prise en charge thérapeutique de la DA pourrait néanmoins se révéler prometteuse.
Le microbiome intestinal est le plus important microbiome du corps capable d’agir à distance sur l’homéostasie cutanée (gut-skin axis) par deux grands mécanismes dépendant de la production de métabolites par certaines souches [14] :
•| la flore digestive agit sur l’immunité systémique par l’activation de cellules régulatrices au niveau intestinal. Ces cellules vont ensuite migrer dans tout l’organisme pour exercer leur effet anti-inflammatoire ;
•| certains métabolites du microbiome, voire certaines espèces bactériennes, peuvent migrer jusqu’à la peau pour exercer un effet plus direct. En cas de dysbiose intestinale et d’altération de la barrière digestive, les bactéries et leurs métabolites peuvent accéder à la circulation, puis à la peau où ils peuvent déséquilibrer l’homéostasie cutanée [15]. Dans la DA plusieurs études ont rapporté l’existence d’une dysbiose intestinale avec une réduction significative de certaines souches en comparaison d’individus normaux. Les résultats sont hétérogènes, aucune piste précise d’intervention thérapeutique ciblant le microbiome n’a prouvé son efficacité à ce jour [14].