9. Quels sont les mécanismes vasculaires impliqués dans la rosacée ?

L’érythème facial, les télangiectasies et les bouffées vasomotrices sont des signes montrant la nature vasculaire de la maladie. L’érythème est caractérisé par une vasodilatation permanente avec trouble de la perméabilité des cellules endothéliales et œdème discret [4]. Les télangiectasies sont des vaisseaux dont le diamètre est suffisant pour qu’ils puissent être vus à l’œil nu.

Les bouffées vasomotrices ou flushes font intervenir des mécanismes complexes notamment liés à la thermorégulation, à la température de la bouche ou encore à la sécrétion de substances vaso-actives à partir du tube digestif.

Toutefois, il ne s’agit pas simplement de vasodilatation mais aussi d’une anomalie vasculaire liée à une inflammation chronique. L’inflammation résulte d’anomalies du système de l’immunité innée qui intervient en première barrière vis-à-vis des agressions de l’environnement. Elle n’est pas spécifique contrairement à l’immunité adaptative. Dans la rosacée, il y a un emballement, avec production accrue de molécules pro-inflammatoires de l’immunité innée, des peptides de cathélicidine, après clivage par des enzymes épidermiques ; la plus connue est LL37. Il existe des interactions complexes entre les UV et d’autres facteurs externes, l’immunité innée et les anomalies vasculaires [5].

Des données plus anciennes suggèrent que dans la rosacée, il existe des troubles de la thermorégulation du visage notamment liés au système de refroidissement cérébral via la vascularisation veineuse. Ces éléments expérimentaux n’ont pas été repris depuis, mais les variations de température jouent sans aucun doute un rôle dans la pérennisation de l’érythème. Outre ces arguments expérimentaux, la prédominance dans les pays à climat continental et la plus grande fréquence chez les personnes travaillant à l’extérieur sont des arguments qui vont dans ce sens. Le passage du froid au chaud est l’élément le plus marquant, il déclenche des bouffées vasomotrices avec sensation de chaleur difficiles à supporter. Il est vraisemblable que ces manifestations répétées entraînent une vasodilatation qui devient permanente. Ainsi, il est fréquent de voir la séquence bouffées vasomotrices isolées, puis bouffées vasomotrices + érythème et apparition de télangiectasies.