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Intervention de l’immunité innée

Comme énoncé plus haut, les cellules épidermiques vitiligineuses, et tout particulièrement les mélanocytes, sont la cible d’altérations métaboliques associées au stress oxydatif qui se traduisent par des teneurs élevées en ROS. Chez les patients qui montrent des prédispositions génétiques au vitiligo, ces modifications sont impliquées dans le relargage par les mélanocytes de cytokines pro-inflammatoires et de motifs moléculaires associés aux dégâts (DAMP, pour damage associated molecular patterns) (Figure 11). Les DAMP les plus étudiés dans le vitiligo sont :


les HSP70i (inducible heat schock protein 70), molécules favorisant la présentation de l’antigène par les mélanocytes, ainsi que l’activation des cellules dendritiques et la production d’IFNα par ces cellules ;


la calréticuline,qui induit l’apoptose des mélanocytes et le relargage de débris membranaires immunogènes ;


les protéines HMGB1 (high mobility group protein B1),qui promeuvent la production parles kératinocytes de CXCL16 et d’IL-8, impliqués dans le recrutement de cellules immunitaires.


La sécrétion de DAMP dans le milieu extracellulaire constitue vraisemblablement le trait d’union entre le stress cellulaire oxydatif et la réponse auto-immune déployée contre les mélanocytes. Le rôle des HSP70i est fondamental dans l’initiation de la maladie, notamment via la promotion de la production d’IFNα par les cellules dendritiques. L’IFNα induit l’expression de CXCL9 et de CXCL10 par les cellules épidermiques. Ces molécules caractéristiques d’une réponse inflammatoire de type 1 sont présentes dans la peau vitiligineuse lors du déclenchement et de la progression de la maladie et permettent le recrutement de LT1 dans la peau périlésionnelle.


Figure 11. Mécanismes impliqués dans le développement du vitiligo. Sur fond de prédisposition génétique et à la suite de stimuli environnementaux, les mélanocytes sous stress oxydatif relarguent des DAMP, notamment le HSP70i et le HMGB1, qui activent les cellules dendritiques. Ces dernières produisent de l’IFNα, sous l’influence duquel les kératinocytes produisent CXCL9, CXCL10 et CXCL16, impliqués dans le recrutement des cellules immunitaires et l’activation des LT CD8+ producteurs d’IFNγ et de TNFα. HMGB1 est aussi impliqué dans l’activation de lymphocytes ILC1. Les kératinocytes produisent par ailleurs des MMP-9 qui contribuent à la destruction de la cadhérine-E dans les mélanocytes et favorisent ainsi leur détachement. Une partie des LT restent dans la peau sous forme de LTrm, l’homéostasie est sous la régulation de l’IL-15. Ces lymphocytes contribuent à la réapparition du vitiligo dans des zones précédemment touchées.


Ajoutons que les DAMP activent l’inflammasome NRLP1, impliqué dans le relargage d’IL-1β par l’intermédiaire de la caspase 1. L’IL-1β amplifie la réaction immunitaire par son action sur les LT et le recrutement de cellules immunitaires [1].



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